Spontanéité et innocence
Les «primitifs contemporains» sont des artistes qui, aujourd’hui, construisent eux-mêmes leur propre langage.
Leur expression est spontanée, instinctive, hors du temps, des modes et de toute référence savante, au plus près de leur nécessité intérieure. En inventant leurs mots, leur grammaire, un ressourcement vers une «enfance» ou un état «premier» de l’art, immédiatement lisible par tous.
Isabelle Bonafoux raconte des histoires. L’anecdote devient, avec elle, récit légendaire, mythique, intemporel.
Elle propose un retour à la fraîcheur, à l’innocence et à la pureté originelles du monde. Pierre SOUCHAUD – Artension
Études aux Beaux-Arts de Lyon, expositions depuis 1981.
Les œuvres d’Isabelle BONAFOUX sont présentées par la galerie depuis 2006.
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Je dessine et sculpte depuis toujours! Et depuis toujours avec beaucoup de détails, de personnages et de couleurs! Je suis partie de petits personnages, comme en font les enfants (…).
C’est aux Beaux-Arts que j’ai découvert la sculpture. Mon intérêt immédiat n’est pas dû au hasard, vu l’influence qu’avait sur moi mon père qui était ingénieur-architecte. J’ai commencé à conjuguer la sculpture, mes couleurs et mes détails. En somme, ma vocation de créer une histoire d’enfance et de famille.
Je dois à mon professeur de sculpture d’avoir découvert le siporex qui est un béton cellulaire. Lorsque l’on a ainsi le choix, sur s’aperçoit ne suffit pas d’avoir des idées, il faut trouver les matériaux qui correspondent. Je n’aimais pas du tout la terre parce qu’elle exigeait trop de détails, qu’il fallait faire ensuite des moules en plâtre… Avec la terre, il fallait «ajouter», ou moi, j’aimais bien «retrancher». J’aimais rencontrer une résistance de la partie du matériau. C’est ce que fait le siporex. Il me donne une sorte de maladresse que j’aime. Et puis, je peux poser dessus mes couleurs. En fait, le mais était, «du volume, mais coloré». Mes sculptures sont peintes des couleurs de mon enfance. Et, avec le temps, j’ai finalement compris que ce que l’on perd en jeunesse, en vitalité, sur le compense par la création ; c’est à chaque fois la victoire de l’esprit (…).
L’Art Singulier? Suite à ma rencontre avec les DREUX et Louis CHABAUD, j’ai été invitée un jour au Festival de PRAZ-SUR-ARLY, un festival d’une extrême qualité. Et j’ai reçu là, le choc de ma vie, le coup de foudre. La découverte de couleurs, d’imaginaires, de gens qui ne «prenaient pas la tête», de la simplicité, du bonheur. Et j’ai vu enfin le Bulletin d’Ozenda, avec ma tête, mes œuvres,… J’ai enfin compris la portée de cette revue. 1999 a été la concrétisation de tous les chemins possibles sur la façon dont je m’interrogeais. Depuis, c’est le grand bonheur. J’ai trouvé ma famille. C’est très important. J’expose parfois avec d’autres artistes, mais le vrai bonheur, c’est d’être avec des Singuliers.
Est-ce que je suis ou non Singulière? En fait, ce n’est pas le problème. Mais je suis bien avec ces gens, avec leurs œuvres. Je trouve valorisant d’être avec «sa famille» (…)
J’espère continuer à être «habitée», et pouvoir m’offrir la liberté d’exposer seulement où je veux. Dire non quand je n’ai pas envie d’aller quelque part. Et que le temps ne passe trop vite pour que j’aie le temps de dire tout ce que j’ai envie de dire.